Mort, où est ta victoire ?

« Le Covid-19 reconduit les chrétiens à l’essentiel ». Du temps des premiers chrétiens, ce qui faisait la spécificité du message chrétien et qui du coup attirait les juifs et les païens, c’était la foi en la vie au-delà de la mort. Comment l’Eglise a porté et porte encore cette Espérance ?

« A travers les siècles, l’Église s’est montrée éducatrice, mère des pauvres, "experte en humanité" selon l’expression de Paul VI. Elle avait bien raison de le faire. Mais peu à peu les chrétiens ont fini peut-être par oublier la raison de cette expertise. Ils ont fini par oublier que si l’Église peut aider l’homme à être plus humain, c’est en définitive parce qu’elle a reçu de Dieu les paroles de la vie éternelle. »

« L’Église a des messages pour ce monde, mais uniquement parce qu’elle a les clefs de l’autre monde ». Ces clés sont données à tout homme par la foi. « La foi en la vie éternelle éclaire la juste manière de vivre en ce siècle ».

Le Christ en venant vivre parmi nous (Emmanuel, Dieu avec nous) non seulement nous a appris à vivre en ce monde, mais Il ouvre le chemin de toute éternité. "Il est le Chemin, la Vérité et la Vie" (Jn 14,6).

Cette vie, Il nous la donne, nous en propose le sens et le but. C’est saint Jean qui le précise dans son évangile où Jésus nous dit : "La vie éternelle c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu" (Jn 17,3).

Notre chemin en ce monde c’est d’entrer dans cette connaissance, c’est-à-dire d’entrer dans cette relation intime avec Dieu, par Jésus, grâce à son Esprit, dès ici-bas, et au-delà de la mort.

Notre société a bien souvent fui cette réalité de la mort. Certains nous promettent même un homme augmenté et immortel.  « Les promesses de la technique permettent d’oublier un instant la peur, mais elles finissent par se révéler illusoires quand la mort frappe ».

« Face à la mort, il n’est aucune réponse humaine qui tienne. Seule l’espérance d’une vie éternelle permet de surmonter le scandale. Mais quel homme osera prêcher l’espérance ?
Il faut la parole révélée de Dieu pour oser croire en une vie sans fin. Il faut une parole de foi pour oser l’espérer pour soi et les siens. L’Église se voit donc reconduite à sa responsabilité première. Le monde attend d’elle une parole de foi qui lui permette de surmonter le traumatisme de ce face-à-face avec la mort qu’il vient de vivre. Sans une parole claire de foi et d’espérance, le monde peut sombrer dans une culpabilité morbide ou dans une rage impuissante face à l’absurdité de sa condition. Elle seule peut lui permettre de donner sens à ces décès de personnes aimées, mortes dans la solitude et enterrées à la va-vite. ».

L’Église est là pour annoncer que Jésus a vaincu la mort par sa résurrection. C’est le cœur de son message. C’est là notre Foi. "Si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vaine, notre foi est trompeuse et nous sommes les plus misérables de tous les hommes" (1 Corinthiens 15,14-19). Tout le reste n’en est qu’une conséquence.

« La crise révèle que nos sociétés, sans le savoir, souffrent profondément d’un mal spirituel : elles ne savent pas donner un sens à la souffrance, à la finitude et à la mort. ».

N’ayons pas peur ! comme nous le disait St Jean Paul II à l’aube de son pontificat.

N’ayons pas peur d’annoncer et de vivre la seule Bonne Nouvelle : la mort a été vaincue et nous sommes appelés à la Vie en plénitude en Dieu, bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer.

Le Christ est non seulement ressuscité, mais il est "ressuscitant" (selon une expression du Pasteur Marguerat) c’est-à-dire que le mouvement par lequel rejaillit la vie au-delà de la mort n’est pas unique mais qu’il surgit au cœur même de la vie, de notre vie

Entrons dans cette vie dès maintenant, c’est là notre joie, notre paix, notre Espérance.

Alain Curtet, diacre