« Ce que l’Evangile nous dit par la Parole, l’icône nous le montre et nous le rend présent. » (IVe Concile œcuménique de Constantinople, 870] Ainsi, tout, dans l’icône, a un sens profond.
L’Incarnation est le fondement de l’icône, et les icônes de la Mère de Dieu manifestent que « la place de la Vierge Marie est au centre de l’histoire du salut. En fait, la Providence divine, respectant la liberté des créatures, ne pouvait pas trouver son plus haut accomplissement dans l’Incarnation du Fils de Dieu avant que la Vierge Sainte n’ait consenti à ce que « le mystère resté caché depuis les siècles et les générations » (Col 1, 26) se réalise en elle, faisant d’elle la Mère de Dieu. » (Vladimir Lossky, Le sens des icônes)
La tradition reconnaît en saint Luc le premier iconographe de la Vierge à l’Enfant. Dans son évangile, saint Luc ne cesse de méditer sur le mystère du Christ et de Marie. En portant son Fils dans ses bras, la Vierge, qui « gardait toutes ces choses dans son cœur » (Lc 2, 19) médite toutes les paroles qu’elle a entendues : celles des bergers et des mages, et celles de Syméon, lui dévoilant, au Temple de Jérusalem, que son Enfant sera un signe de contradiction et qu’elle-même sera transpercée par un glaive.
Dans le modèle de la Vierge de Vladimir, l’Enfant regarde sa Mère, tandis que Marie nous regarde. Celui qui contemple l’icône est invité à entrer dans un dialogue silencieux de prière et d’amour entre le Christ et sa Mère et, avec eux, dans la méditation des Ecritures.
Le regard de la Vierge est grave, presque douloureux ; à travers elle, l’Eglise relit la vie du Christ-Enfant à la lumière pascale : « La lumière est entrée dans les ténèbres. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli » (Jn 1, 11).
La Vierge nous présente avec tendresse son Fils, cet enfant innocent qui, pressentant déjà le refus des ténèbres, dit : « Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté » (Ps 39). Elle nous le donne comme si elle le livrait, dans sa petitesse et sa vulnérabilité, à notre liberté. « Son geste peut s'interpréter à la fois comme une désignation : elle montre le Sauveur ; comme une prière : elle intercède auprès de lui en faveur du genre humain ; comme une offrande : elle participe au don que l'Enfant fait de sa vie. » (Colette Nys-Mazure, Eliane Gondinet-Wallstein, Célébration de la Mère, regards sur Marie)
Le nimbe doré (auréole) des personnages signifie la sainteté : l’or symbolise le ruissellement de lumière divine en celui qui vit dans l’intimité de Dieu. Pour le Christ, le nimbe est crucifère : marqué du signe de la croix, et des lettres grecques signifiant le nom divin révélé à Moïse : « Celui qui est » (Ex 3, 4).
Auprès de Jésus les initiales de son Nom « Jésus-Christ » IC XC sont inscrites en grec.
Il se manifeste dans sa double nature, humaine et divine. Comme tous les petits enfants, Jésus a dû tant aimer sa maman ! Il se blottit contre Elle dans un geste d’infinie tendresse, mais en même temps il la console et la réconforte. Les gestes affectueux de la Mère et de l’Enfant témoignent de l’amour humain réciproque. Cependant tout sentiment humain dans une icône est transfiguré. Avec sobriété, l’icône décrit le bouleversant amour fou de Dieu pour l’homme, et la réponse de l’homme à Dieu, la rencontre entre l’homme et Dieu. La compassion de Marie pour son Enfant se transforme en amour maternel qui saisit toute la création et embrasse toute créature : ainsi est soulignée l’intercession perpétuelle de Marie pour toute l’humanité pour laquelle son Fils se sacrifie volontairement : « Voici ta mère » (Jn 19, 27). Marie est, pour nous, la toute-puissance suppliante.
L’icône est peinte sur un fond lumineux signifiant la présence de Dieu. Le ton «argile» de la robe de l’Enfant-Jésus symbolise la nature humaine qu’Il assuma pour notre salut, tandis que le modelé or souligne sa divinité (ces fins traits d’or sont appelés assist, l’or symbolisant la lumière divine). La couleur pourpre du manteau et du voile (maphorion) de la Vierge indique la royauté donnée à la servante du Seigneur. Elle symbolise aussi l’amour divin qui a revêtu Marie. Le ton bleu de sa robe et de son bonnet peut évoquer la sagesse et la fidélité. Les étoiles qui brillent sur son front et sur ses épaules marquent l’éclat de sa virginité. Les initiales grecques MP OU la désignent comme Mère de Dieu, nom dont elle fut désignée au Concile d’Ephèse en 431.
« Ainsi l'icône de la Mère de Dieu fait-elle participer celui qui la contemple au mystère de la tendresse divine. » (Colette Nys-Mazure, Eliane Gondinet-Wallstein, Célébration de la Mère, regards sur Marie)
« J’ai découvert un Dieu qui se manifestait dans le regard de l’enfant. Le Dieu de Jésus qui est petit. Un Dieu qui veut –cela peut vous paraître bizarre !- qu’on le prenne dans ses bras. Dans nos bras. Un Dieu humble. C’est aussi ce texte du livre de l’Apocalypse : « Je me tiens à la porte et je frappe, celui qui entend et qui m’ouvre, j’entre pour devenir son ami » (3, 20). Ce Dieu qui ne s’impose pas, qui attend. Qui dit à Marie : « Tu vas devenir la Mère du Sauveur », et qui a besoin qu’elle dise oui. Un Dieu qui se soumet à notre liberté. Plus j’avance, plus je suis touché par cette petitesse de Dieu qui dit : « J’ai besoin que tu m’aimes. »
L'icône et le commentaire sont tirés du site artdelicone.fr.